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De retour / Back home

Plus que deux semaines avant un autre départ vers chez-nous. Chez-moi, quel drôle d’expression. Car il faut un chez-nous ça l’air. Pour avoir des repères, pour se sentir enraciné.  En cet ère de coronavirus, ça vaut la peine d’y réfléchir... si je devais absolument être en quarantaine, pour longtemps disons... j’aime beaucoup Playa del Carmen, je m’y sens à ma place, un 2e chez-moi. Mais je dois l’avouer franchement, mon 1er reste encore le Québec. Près de ma soeur, près de mon cœur. Car oui, j’ai le Québec à cœur. J’aime mon pays pour tout ce qu’il est (bon d’accord, j’éliminerais bien quelques crapets, mais ça l’air que je n’en ai pas le droit).  Alors dans 2 semaines, je rentre chez-moi, au Québec, avec mon amour.  On devra se mettre en quarantaine. Le gouvernement le demande. On s’y pliera. Mais entre vous et moi, le Mexique est l’un des pays le moins touché pour le moment, alors je ferai la quarantaine pas parce que je suis dangereuse mais surtout parce que j...

Deuil

Deuil 11 mars 2020 Une goutte de sueur perlait à son front. Elle ne savait pas ce qu’elle avait. Sans doute était-ce de la peur. Elle repensait encore au voyou qu’elle avait croisé ce matin. Le soleil naissait à peine. Elle l’avait déjà aperçu à l’orée de la forêt. D’y repenser lui créait encore une sueur froide. Cette silhouette entr’aperçue lui rappelait quelqu’un. Quelqu’un à qui il lui manque une main.  La blancheur cadavérique de l’homme soudain devant elle, lui donnât froid dans le dos. C’était l’homme de la forêt. Sa chevelure hirsute et grisonnante rappelait cette herbe aux morts. Discrètement, il tenait une marguerite à la main. La blancheur de celle-ci contrastait avec la saleté de ses doigts. Bizarre de tenir une fleur alors qu’il venait juste de sortir de l'ombre. Sans un mot, il l’a lui offrit. L’imprimé de sa robe était constellé de marguerites, toutes semblables à celle que tenait l’homme.  Elle pleure. À son côté, un chat se lèche. Déjà l’homme est ...

Carcasse

Alerte au DIVULGACHEUR Ça me rappelle l’épisode d’une série télévisée que j’ai vu cette semaine. Ça se passe au Mexique. Un vilain écrabouillait deux hommes sous un rouleau compresseur. Ils cherchaient à s’enfuir, Z’ont pas eu le temps. Une fois passé la machinerie lourde, y avait plein de sang sur le stationnement, ainsi que sur le rouleau bien sûr. Disent pas ce que le vilain a fait des deux hommes morts. C’était pas nécessaire de savoir. Une séquence plutôt « gore ».  Moi aujourd’hui, j’ai pas vu de sang, mais il était encore là. Je l’ai vu de mes yeux vu. Tout écrabouillé. Ça puait. Ça avait l’air sec. Suis pas allée vérifier si ce l’était effectivement.  Je me demande s’il cherchait aussi à s’enfuir. Des vilains courraient peut-être derrière lui ? Ou il fuyait un dealer qui s’en prend particulièrement aux espèces comme lui. Ou encore il est juste « passé » au mauvais endroit, au mauvais moment. On ne le saura jamais.  La ca...

Sales draps

* Attention au DIVULGACHEUR Sales draps  9 mars ´20 - MF Une fois par semaine, toutes les semaines, passe cette femme.  Souriante, elle est avenante.       Toutes les semaines aussi, je vois cet homme.       Timoré, il est difficile d’accès. Elle est couverte de la tête aux pieds, et a souvent les bras pleins.       Il est vêtu proprement, mais son pantalon est un peu usé.  Elle tente quelques mots en anglais   Il semble faible et n’avoir pas de voix.  Elle ne fait rien d’autre que de me regarder. Il ne fait rien d’autre que de s’activer. Elle veut nourrir ses enfants dit-elle.  Il demeure avec sa mère, il est célibataire.  Je lui souris mais ne lui donne rien. Je lui souris et lui offre un pourboire.  Elle est mendiante sur la rue. Il est homme de chambre. Tous les deux, à leur manière, sont dans de sales draps...

Fragile

Gros comme ça!  Il est de cette carrure qu’on qualifie de pas élégant, de trop... trop peu... pas assez...  Il pense bien qu’on le voit, mais gros comme ça, comment ça s’peut !  Il est aussi visible qu’un fil dans une balle de laine. La seule différence en est sa couleur. Jaune, malade, souffreteux. Comment peut-on le considérer?!  En plus, il est muet, comme une carpe. Muet comme celui qui veut mais qui ne peut.  On lui a assez dit de se taire, il a compris. Maintenant, on n’a plus besoin de le lui dire.  D’ailleurs personne ne lui dit rien. Ça sert à rien.  Il ne comprend rien non plus. C’est un être vide. Vide d’en haut comme d’en bas.  Un membre inutile. Une vie inutile.  Mais il est résilient.  Il continue à vivre, et il trouve son bonheur.  Dans les fleurs

Dimanche soir

Dimanche soir 7 mars 2020 Dimanche au soir,  Comme dans la chanson...  Elle est partie, ben oui, c’était prévisible après avoir tout enduré. Elle en a eu marre. Fa qu’elle est partie, pour ne plus revenir. Du moins c’est ce qu’elle se disait à ce moment-là.  « Va falloir qu’y s’mette en quat’ pour que j’r’vienne! » « Ben bon débarras d’abord! »  Fa qu’elle est partie, repartie chez ses parents le temps de se trouver quelque part pour se réinstaller. Il ne la retient pas. Il est bien trop orgueilleux pour se plier aux désirs de madame. Il préfère la plier, elle. Non pas qu’il veuille la plier réellement, mais des fois comme on dit, elle le cherche ! Il l’aime pourtant tellement. Il ne peut vivre sans elle. Elle est son air et son eau. Elle est tout pour lui. Non il ne peut vivre sans elle, mais il ne peut pas non plus s’abaisser à la rappeler. Alors il va la traquer. Comme un chat traque sa souris. Et elle pliera, elle. Encore....

Désir

Désir 6 mars 2020 Capiteuse, cette odeur faisait monter en moi une sensation de fébrilité.  Du haut de mon édifice, par la fenêtre, je sentais l’homme, dans tout ce que ça sous-tend. Une odeur de parfum mâle. Des muscles bandés, une peau huileuse pour glisser langoureusement à son contact, la barbe d’un jour d’un « bad boy ».  Ça sentait l’homme qui s’est apprêté pour séduire. Ça sentait le désir.  Je ne l’ai pas vu, mais vu l’odeur à plus de 4 étages, je suppose que l’homme en question n’est pas approchable, il en avait beaucoup trop mis. Comme on est au Mexique, il devait aussi faire dans les 5 pieds 2, avait sans doute le visage d’un autochtone maya (non pas que je ne les aime pas, mais ce n’est définitivement pas mon type), et devait porter une chemise froissée de travail...  Fin du désir